12 mars
La chasse en Belgique VS Vision nocturne et silencieux
Le CD&V et la N-VA ont déposé une proposition de loi en Belgique visant à autoriser l’acquisition et la possession de lunettes de vision nocturne et de silencieux pour les chasseurs et les agents assermentés. Actuellement interdits, ces équipements pourraient devenir des outils clés dans la lutte contre la prolifération des sangliers, notamment en Wallonie, où les dégâts agricoles liés à cette espèce explosent.
Arguments des partisans : efficacité et respect du bien-être animal
Les défenseurs de la proposition, dont le député CD&V Steven Matheï, soulignent que ces dispositifs permettraient des tirs plus précis, réduisant ainsi les risques de blessures non létales. La chasse nocturne actuelle, réalisée à l’aide de lampes montées sur les armes, offre un éclairage soudain qui effraie souvent l’animal, limitant la fenêtre de tir à quelques secondes. Résultat : des animaux blessés qui s’enfuient, augmentant la souffrance animale.
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Les silencieux, quant à eux, visent à réduire les nuisances sonores pour les riverains, sans pour autant rendre les tirs totalement inaudibles – un argument de poids dans les zones rurales densément peuplées.
Les inquiétudes des écologistes : risques de dérives et sécurité publique
Face à ces arguments, les écologistes, notamment Stefaan Van Hecke de Groen, pointent des risques importants. La police fédérale et l’Agence fédérale de l’armement ont émis des avis négatifs, évoquant des préoccupations liées à l’ordre public et à la possibilité de voir émerger un « circuit parallèle » pour ces équipements sensibles. L’absence de règles claires sur l’acquisition et le transfert de ces dispositifs suscite des craintes quant à leur détournement à des fins illégales.
Un compromis en cours de négociation
Pour rassurer les sceptiques, des amendements ont été proposés afin de renforcer la traçabilité des équipements, limitant ainsi les risques de détournement. Steven Matheï défend fermement la proposition : « Les organisations criminelles ne nous ont pas attendus pour se procurer des silencieux. Ce n’est pas une mesure de facilitation du crime, mais un outil de gestion de la faune. »
Un enjeu plus large : la gestion durable des populations de sangliers
Au-delà des considérations techniques, ce débat soulève la question de la gestion des sangliers en Belgique.
L’espèce prolifère, notamment en raison des hivers doux et de l’abondance de nourriture, causant des dégâts agricoles et des accidents de la route.
La chasse de nuit, plus efficace grâce à ces outils, pourrait s’avérer cruciale.
Reste à savoir si la proposition de loi parviendra à convaincre suffisamment de parlementaires, dans un climat où la sécurité publique et la protection de la faune s’affrontent souvent sur le terrain des valeurs.